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kamikazerie
22 avril 2006

Kamikazeries 1

La plaine aux eucalyptus

Le vent divin souffle sur la plaine des eucalyptus où une troupe soudée comme les cinq doigts de la main prépare à entrer dans l’histoire. Sid Sayed assis en tailleur, entouré de son clan, fais penser à un bouddha dispensant une sagesse, sereine, lointaine et paisible. Mais, il n'en ai rien.

Au loin, la poussière s’envole dans le couchant du soleil, ça forme comme des paquets de nuages ocres, chavirants.

C’est le mois de septembre, le temps s’adoucit doux,  après les très fortes chaleurs du mois d’août. Beacoup de gens, espèrent même de la pluie d’ici quelques jours.  Des feuilles d’eucalyptus, cassantes, échouent sur le sol, sous la lumière d’un soleil timide à disparaître de l’horizon.

« Il est temps, il est urgent, nous avons reçu l’ordre d’agir. La patience est une vertu, l’attaque une nécessité. Cette ville va entendre parler de nous. Nous avons nettoyé cette plaine de ses ivrognes, de ses sales femmes, de la vermine ( il crache par terre, comme songeant à des êtres maléfiques), bientôt nous allons nettoyé toute cette ville. Bientôt nous allons agir pour sauver cette ville, nous devons agir, nous devons attaquer... » dit Sid Sayed, toujours intarrisable, adorant haranguer le clan, la fratrie, et qui aime à passer ses idées au premier plans, toujours.

Il continue :

« Le sacrifice... la foi... le ferment de la vie, la vérité... nous ne vivons pas pour la vie, pour la liberté, pour la justice mais pour Dieu, uniquement pour Dieu... »

La fratrie,  au nombre de cinq, intérieurement admirative, baisse la tête, bien plus soumise qu'attentive.

« Mes frères, il ne faut pas écouter ce que disent les autres, ils n’ont pas compris, ils n’ont rien compris, ils ne veulent pas de nous parce que nous aimons Dieu, tout simplement.... »

Sid Sayed termine sa longue phrase, kilométrique, se lève, imité par ses disciples et ils avancent tous, dans un même pas uni, solidaire, avant de s'immobiliser au bord de cette jolie plaine ombragé, située sur les hauteurs de Kasablanca.

Sid Sayed reprend :

« Voyez cette ville... gens... mécréants... que font-ils ? Que construisent-ils ? A quoi pensent-ils ? Adorent-ils Dieu ? Non, non et non, ils sont possédés... diable... perte de temps... c’est contraire au Seigneur de perdre son temps. Les gens ici... samedi soir... samedi noir il faut dire, le chaytan est dans la ville... il est vraiment temps de purifier la ville. »

Avec son index pointé, il indique les lieux où le diable s’agite, où la débauche s’accomplit sous le regard indifférent et fatalement complice de la population.

Le muezzin entame soudainement son appel à la prière, incitant à travers un mégaphone, la population des fidèles à venir à la prière, au salut de l’âme, à l’adoration du Plus Grand.

La fratrie, qui refuse de se joindre aux autres bougres de fidèles, jugés peu fiables, ne répondant pas aux critères rigoristes du clan, fait  la prière à l'écart. Elle se pense au-dessus du simple fidèle, respectant à la lettre les paroles divines, marchant dans le chemin exclusif du Puissant. Même le plus pieux des hommes lui  parait suspect et il est considéré comme à la solde des mécréants.

Et le clan s’aligne derrière Sid Sayed pour la prière du soir.

C'est un solide moment de communion, inscrit dans le rougeoiement du soleil, en direction de l’Orient, vers le cube de la

Qaaba

 lointaine, vers laquelle se prosternent au même moment des millions de fidèles à travers la planète.

« Ce n’est pas nous qui décidons, ce n’est jamais nous, c’est l'Omnipotent qui décide… pour la joie... paradis... l’enfer... châtiment. »

Soltane, le sait désormais, et en pointait son index vers le ciel, il semble appeler à lui les bienfaits du Miséricordieux.

« Je dois aller voir Cheikh ce soir », précise Sid Sayed en chevauchant sa moto, une vieille Honda.

Adel se dit en son faible intérieur " Cheik shake shake shake baby."

Lui et seulement lui, ne sait pas ce qu'il fait là.

Le moteur ronfle, s’ébranle et s'éteint  et instinctivement la fratrie dans un même sursaut, se précipite pour pousser l’engin et avoir le privilège de pousser la moto sur laquelle trône Sid Sayed.

Le moteur se mit à nouveau en branle et la moto s'éloigne,  de plus en plus à vive allure, emportant Sid Sayed vers le coeur de la ville.

Le jour décline, la fratrie quitte la plaine aux eucalyptus.

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